De l’épilepsie à la résilience hypnotique

De l’épilepsie à la résilience hypnotique

Septembre 2004…

J’ouvre les yeux. Confuse, je ne prends pas le temps d’observer autour de moi pour comprendre où je me trouve. Une sensation bien plus prenante vient de se manifester. La gorge nouée, j’étouffe. La confusion laisse place à la douleur, la peur aussi. Je porte ma main à ma bouche. Un long tuyau semble sortir de mon corps. Je ne cherche pas à analyser, le premier réflexe, celui de respirer, me pousse à tirer sur ce tuyau pour l’extraire de mon organisme, de mon œsophage.

Je viens de me réveiller d’un coma de quelques jours. A l’hôpital. Intubée. Réduite à n’être plus que l’ombre de moi-même. Après le départ des infirmières qui sont enfin venues me délivrer de ce tube, je commence à observer la chambre dans laquelle je me trouve. Toujours perdue, je n’ai aucune idée de ce que je fais là. Je ne me souviens de rien. Le noir total ? Non, simplement le vide. Je soulève le drap qui me couvre. Je suis nue. Un autre tuyau, plus fin celui-ci, passe entre mes jambes pour rejoindre ce qui ressemble à une poche d’urine. Je me sens moins qu’humaine. Une invalide. une infirme. Revenue à l’état de dépendance comme un bébé qui se fait changer. Je ferme les yeux à cette sensation de honte et me rendort d’un sommeil lourd…

Quelques heures plus tard, j’apprends par mon entourage que j’ai fait un « état de mal épileptique ». C’est un enchaînement de plusieurs crises, avec perte de connaissance, convulsion, bave au lèvres (et j’en passe)… Que de glamour ! Les pompiers sont passés par le balcon pour me récupérer, alors que, semble-t-il, je convulsais bien tranquillement depuis plus de 3 heures. Le médecin qui ne peut s’empêcher de me rappeler la chance que j’ai d’avoir le cœur solide, faute de quoi, il n’y aurait plus de moi…. Les jours suivants, le neurologue tente de comprendre la cause de cet « état de mal ». Ponction lombaire, IRM, électroencéphalogramme… Rien de tout cela ne semble expliquer cette maladie apparue comme un cheveu au milieu de la soupe. Ma naissance prématurée de deux mois ? Une tentative d’explication parmi d’autres… Plus tard, j’en rirais en disant que je n’ai pas été terminée avant de venir au monde.

J’ai 24 ans, et les 9 ans qui vont suivre seront teintés de cette maladie neurologique sans cause « biologique » reconnue.

Back to the future… 2013.

Depuis 2004, je suis un traitement médical aux effets secondaires dérangeants (prise de poids, perte de cheveux, irritation…) qui ont eu raison, dans un premier temps, de ma légendaire bonne humeur. L’entourage se charge constamment de me rappeler (« pour mon bien ») de faire attention à bien dormir, ne pas me surcharger de travail, d’éviter le stress… Parce que je « suis » épileptique. Le traitement médical a permis de réduire la fréquence des crises, mais à chaque tentative d’arrêt, mon corps me rappelle à l’ordre de différentes manières. Absences ou crises légères dans les beaux jours, état de mal et réveil à l’hôpital dans les moins bons.

C’est alors que ma vie a bascule, dans tous les sens du terme, quand je rencontre l’hypnose. J’entreprends un grand travail sur moi, qui va dure plusieurs semaines, plusieurs séances, afin d’apprendre à gérer mes émotions (les émotions et le stress étant, en partie, les déclencheurs des crises), de me transformer en mon « soi idéal ». D’acquérir confiance et estime de soi. Et surtout, travailler sur les bénéfices secondaires qui maintenaient la maladie jusqu’à présent, le besoin d’attention notamment.

Après ce travail et une formation pour, à mon tour accompagner les autres vers un développement personnel, en septembre 2013, j’arrête mon traitement.

2015…

Depuis, plus de grandes crises. L’hypnose m’a appris à gérer mes émotions, à écouter mon corps, à gérer les « symptômes » liés à la maladie. L’hypnose m’a permis de devenir celle que je suis vraiment. Et, de cet apprentissage, ma vie professionnelle, personnelle, a commencé à se transformer. Et ce leitmotiv qui me rappelle que nous sommes acteurs de nos vies.

Alors, évidemment, je ne prétends pas avoir « guéri » d’une maladie neurologique et, parfois encore, je ressens l’ombre d’une crise qui se présente. Mais cela n’a plus rien à voir avec les crises du passé. Cela revient à un léger moment de flottement, qui dure quelques secondes, pendant lesquelles mes mots peuvent se mélanger, mon teint changer, une légère sensation de picotement dans le cerveau… Et puis, je me pose, ferme les yeux, et elle passe…

« I’m gonna make the rest of my life, the best of my life. »

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