La thérapie provocatrice selon le Dr Franck Farrelly

La thérapie provocatrice selon le Dr Franck Farrelly

La thérapie provocatrice est une méthode de thérapie qui a été mise au point par le Dr Franck Farrelly. Vous trouverez ci-après un résumé de son livre (dont vous trouverez les références ici) qui condense les grandes idées de son modèle.

 

Les origines de la thérapie provocatrice

 

C’est au contact de ses clients pendant sa formation que Farrelly a commencé à s’interroger sur ceux qui étaient en échec thérapeutique. À quelques reprises, il a commencé à se montrer authentique en disant le fond de sa pensée et les réactions ont été suffisamment intéressantes pour qu’il décide d’explorer cette voie. Petit à petit, la thérapie provocatrice prenait forme…

 

Les 10 Postulats de Franck Farrelly

 

  1. Les gens se transforment et s’épanouissent face au défi : plus une personne se retrouve dans une situation désagréable pour elle, plus elle change facilement. Le degré d’urgence de changer pour la personne est même un levier très important et peut créer des changements très rapides.
  2. Les clients peuvent changer s’ils le choisissent : Tout en partant de l’idée que les gens n’ont pas changé non pas parce qu’ils ne le pouvaient pas, mais plutôt parce qu’ils ne savaient pas comment faire, il est primordial que la personne « veuille changer ». On remet la responsabilité de leurs changements entre les mains des clients, ce qui a pour but de les rendre actifs.
  3. Le potentiel qu’ont les clients d’adopter des comportements appropriés, productifs et socialement valables est beaucoup plus grand que ne le croient la plupart des cliniciens.
  4. La fragilité psychologique des patients est grandement surestimée tant par ceux-ci que par leurs proches. Les patients ont tendance à se sentir « fragiles », parce qu’on leur a collé cette étiquette. Tout en respectant chaque personne, c’est le rôle du thérapeute de l’amener à ne plus se voir comme limité à « son problème ».
  5. Aussi graves ou chroniques qu’ils soient, les attitudes et les comportements incorrects, improductifs et antisociaux des patients peuvent être modifiés de façon radicale. Il est important que le thérapeute se détache des croyances qui pourraient être limitantes, comme « son cas est désespéré », « il ne changera pas »… car cela influe directement sur les comportements du client.
  6. Nos expériences actuelles jouent un rôle au moins aussi significatif, sinon plus, que nos expériences antérieures ou celles de notre enfance dans le développement de nos comportements, de nos attitudes et de nos valeurs. Tout ne se joue pas pendant l’enfance comme le pensait notre ami Freud ?
  7. Le comportement du client en thérapie reflète d’une manière assez précise la façon dont il se comporte dans ses relations sociales et inter-personnelles. Il est donc important de le tester, de le mettre en situation, de prendre un maximum d’informations sur des exemples concrets de situations problématiques.
  8. Les gens sont sensés ; l’animal humain est merveilleusement logique et facile à comprendre. « Il est facile de comprendre un être humain tant que celui-ci étale toutes les pièces de son puzzle ».
  9. L’expression de la haine et d’un joyeux sadisme de la part du thérapeute peut être très utile au patient.
  10. Les messages les plus importants entre les gens sont exprimés de façon non verbale. Si une personne exprime verbalement une idée, une émotion… et que son corps dit le contraire, le thérapeute prendra toujours parti d’écouter le corps.

Les deux hypothèses de la thérapie provocatrice

 

Il y a deux hypothèses fondamentales :

  1. Une hypothèse se rapporte aux attitudes du client : Si le thérapeute le provoque, le client aura tendance à se comporter d’une manière opposée à la façon dont le thérapeute le présente comme personne.
  2. Une seconde hypothèse qui se rapporte aux comportements : Si le thérapeute le pousse à poursuivre ses comportements déviants et inefficaces, le client aura tendance à adopter des comportements plus positifs qui se rapprocheront davantage de la norme sociale.

Le rôle du thérapeute en thérapie provocatrice

 

  1. Liberté d’action du thérapeute
  2. Faire agir le client
  3. Utiliser la communication provocatrice
  4. Provocation directe : aborder les sujets que le client cherche à éviter
  5. Importance de l’acceptation non verbale du client : le client doit sentir que les techniques utilisées par le thérapeute vont dans le sens de ses objectifs et que cela est fait avec bienveillance.
  6. Utilisation de l’humour

Les techniques utilisées en thérapie provocatrice

 

  1. Amplification de la réaction du sujet face au client afin d’ouvrir le champ des comportements affectifs, de développer des réponses du client
  2. La vérification de la réalité : amplifier les réponses du client pour en vérifier la réalité (exemple : exagérer un défaut). L’idée est d’exagérer jusqu’à rendre un comportement absurde et permettre au client, en retour, de commencer à le minimiser, voire à aller contre sa propre idée en contredisant le thérapeute.
  3. La confrontation verbale
  4. Le modelage négatif : le thérapeute imite le client sur sa façon de s’exprimer par rapport au problème et sur les aspects qui sont probablement à l’origine du comportement.
  5. Les explications : en se moquant du client pour couper court à la recherche du « pourquoi », on donne une explication de type « grande théorie » (souvent des théories absurdes et généralistes).
  6. Les messages contradictoires : double contrainte
  7. L’énumération : demander au client d’énumérer les raisons qui justifient un comportement.

L’humour en thérapie

 

De nombreuses formes d’humour peuvent être utilisées :

  1. L’exagération : exagérer les propos du client dans un sens ou un autre afin de vérifier la perception de la réalité du client ou la valeur émotionnelle du problème pour lui.
  2. L’imitation : se fait avec la technique du modelage négatif (emprunt des idées, comportements, attitudes… du client).
  3. La moquerie : elle sert à modifier le comportement de l’autre.
  4. La distorsion : faire semblant de mal comprendre un message, interpréter gauchement les propose du client…
  5. Le sarcasme
  6. L’ironie
  7. Les blagues

 

Les 4 langages en thérapie provocatrice

 

  1. Le langage religieux-moral : langage autoritaire des parents caractérisé par des recommandations, conseils, etc,
  2. Le langage de la rue : langage d’ado, émaillé d’obscénités et de jurons, chargé d’émotions.
  3. Le langage corporel ou kinesthésique : se communique par la posture, les gestes, le toucher, les expressions, etc,
  4. Le jargon professionnel : guindé, émaillé de termes polysyllabiques, doit apparaître profond et en général, effrayant (sert aussi pour la confusion).

L’idée sous-jacente est d’entrer dans la Vision du Monde du client et de parler le même langage que celui-ci.

 

Les étapes du processus en Thérapie Provocatrice

 

En Thérapie provocatrice, le thérapeute cherche à engager son client dans 5 types de comportements :

  1. Affirmer sa valeur tant en paroles qu’en actes
  2. S’affirmer lui-même de façon appropriée
  3. Se définir de façon réaliste
  4. Apprendre à faire les distinctions nécessaires afin de réagir de façon pertinente
  5. Prendre des risques dans ses relations

La manière de les atteindre diverge souvent de celle du thérapeute.

 

Étape 1 : Déstabilisation : surprise et incertitude

 

L’idée est de provoquer des expériences émotionnelles correctrices chez le client tout en détruisant les attentes de celui-ci de ce que va proposer le thérapeute.

 

Pourquoi revient-on en thérapie provocatrice ?

  1. Parce que le client a l’impression que le thérapeute s’attaque directement à des problèmes réels et fondamentaux.
  2. Même si cela lui est désagréable, il n’y a pas de ménagement.
  3. Question du pouvoir : le client n’a pas d’emprise sur le thérapeute qui a donc plus de liberté d’action.
  4. Sentiment d’être compris par le thérapeute.
  5. L’humour.
  6. Le client a tendance à aimer le thérapeute, même si ce sentiment est parfois ambivalent.
  7. L’élément « lutte » au présent dans les entrevues qui remet de l’actif dans le rôle du client.

 

Étape 2 : Réorganisation et prise en charge

 

Après la surprise de la première étape, le client se réajuste et réorganise ses attentes face au thérapeute. C’est à ce moment-là que peuvent commencer les 5 types de comportements que le thérapeute va chercher à provoquer chez son client.

 

Étape 3 : Clarification et choix

 

Le client voit plus clair dans ses comportements biaisés et commence à retrouver du choix. Il dénonce alors l’image en corrigeant les comportements inadéquats.

 

Étape 4 : Consolidation et intégration

 

Il s’agit d’une phase visant à rendre autonome le client dans son changement.

 

On trouve 7 phases d’apprentissage du thérapeute :

  1. Choc et recul : parce que son contrat sort de l’ordinaire
  2. Fascination : passé le choc, une obsession pour cette pratique émerge
  3. Essai et surchauffe : passage à la pratique et aux échecs qui y sont liés
  4. Libération du rôle : grande liberté d’action du thérapeute
  5. Répertoire personnalisé : le thérapeute qui pratique commence à se forger un style
  6. Opposition et résolution : la confiance augmente, mais il est important de garder une forme  de recul par rapport à sa pratique
  7. Orchestration : détachement des superviseurs, autonomie.

J’espère que ce condensé du modèle de la thérapie brève vous aura permis d’ajouter quelques outils à votre boite.

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